PENSER L’ETHIQUE AVEC NGOMA BINDA.

KINSHASA, JUILLET 2023.

Par

ALBAN GUIMKENG SJ

Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius

Université Loyola du Congo

Guimkengalbancedric@gmail.com

Résumé

A l’aube du deuxième millénaire, Le philosophe congolais Elie Ngoma-Binda, soucieux du bien être de l’homme et du progrès de la société (africaine en particulier) élabore son concept de philosophie inflexionnelle auquel il accorde une valeur essentiellement pratique eu égard à la multiplicité des problèmes sociaux face auxquels la philosophie était jusqu’alors restée muette. A travers ce que nous avons appelé une éthique élargie, Ngoma-Binda scrute les recoins de la société, proposant un discours philosophique spécifique approprié pour chaque problème dont l’urgence requiert la plume de la pensée inflexionnelle.

Mots clés : Philosophie, inflexionnelle, éthique, social, politique.

Abstract

                    At the dawn of the second millennium, the Congolese philosopher Elie Ngoma-Binda, concerned about the well-being of man and the progress of society (African in particular) elaborates his concept of inflectional philosophy to which he grants an essentially practical value with regard to  the multiplicity of social problems in the face of which philosophy had hitherto remained silent. Through what we have called an expanded ethics Ngoma-Binda peers into the recesses of society, offering a specific philosophical discourse appropriate for each problem whose urgency requires the pen of inflectional thought.

Keywords: Philosophy, inflectional, ethics, social, politics.

Introduction

La philosophie dans le déploiement de son histoire en divers contextes a subi (et subit peut-être encore) mille invectives à cause de son inefficacité pratique, de sa difficulté à apporter des solutions ponctuelles, à long terme et efficaces aux problèmes de l’homme. S’inscrire dans cette perspective dénote de manière générale que l’on attend de la philosophie qu’elle offre plus que la simple spéculation sans incidence réelle sur la vie des citoyens. Philosophe et politologue congolais, Elie Ngoma-Binda dans le déploiement de sa pensée philosophique prend littéralement le contre-pied de ces philosophies trop bavardes en inaugurant un tournant majeur, la philosophie inflexionnelle, même s’il reconnait qu’il s’inscrit en réalité dans une dynamique qui a débuté bien avant lui[1] et dont il n’est guère évident de s’y engager sans concomitamment s’exposer au risque de passer pour un utilitariste[2]. La philosophie inflexionnelle se veut donc une philosophie qui vise avant tout une efficacité pratique, du point de vue de la politique et du point de vue de la société. En parcourant méticuleusement la pensée de cet auteur, il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’inflexionnalité est l’un des aspects majeurs qui la caractérise ; mais bien davantage encore l’inflexionnalité  n’est pas un concept isolé ; au contraire c’est un concept qui s’imbrique dans la politique, la gouvernance et l’éthique, de manière à impulser une véritable dynamique de la transformation sociale. L’aspect de la théorie inflexionnelle qui retient notre attention dans la présente réflexion c’est l’éthique, un autre aspect majeur de la pensée de Ngoma Binda. En partant de ce que nous pouvons appeler une crise sociale multiforme, Ngoma Binda tente à travers une éthique élargie de donner des repères et des directives pour la pratique en vue d’un mieux être humain et social. Deux questions vont guider cette analyse : qu’est-ce que la philosophie inflexionnelle ? Et quelles en sont les ouvertures éthiques chez Ngoma Binda ? La thèse que nous allons défendre est la suivante : l’éthique à travers ses multiples dimensions est au service de l’homme et de la société, dans une perspective de progrès. Il nous reviendra donc le soin de définir la philosophie inflexionnelle, puis de montrer comment le concept d’éthique qui en est l’une des composantes se déploie à travers une multiplicité de thématiques dans la pensée de Ngoma Binda. Il sied néanmoins de préciser que nous ne serons pas en mesure d’inclure toutes les ouvertures éthiques présentes dans la pensée de cet auteur dans la présente analyse, faute de place.

I. Jalons

                La philosophie inflexionnelle, telle que développée par Ngoma-Binda vise une pluralité d’actions concrètes, susceptibles de contribuer à la croissance humaine et sociale. Une telle philosophie, par le lien qu’elle entretient avec la politique, exige du gouvernant qu’il ait un certain profil et des vertus qui favorisent la mise en œuvre de toutes les initiatives inflexionnelles qui peuvent être initiées dans une société donnée. Cette première partie nous éclaire dans ce dessein en insistant sur la place de l’éthique dans la politique et le pouvoir.

I.1. Qu’est-ce que la philosophie inflexionnelle ?

Il est difficile (peut-être que j’abuse) de lire un livre de Ngoma Binda sans y trouver quelque mention (implicitement ou explicitement) faite à la philosophie inflexionnelle. Mais tout lecteur non avisé (et cela est légitime) se pose aussitôt la question de savoir ce qu’est la philosophie inflexionnelle. Avant d’en arriver à la définition à proprement parler, quelques préalables sont nécessaires qui peuvent nous permettre de comprendre pourquoi ce tournant inflexionnel dans la philosophie de Ngoma Binda. C’est dans une perspective critique que cette philosophie inflexionnelle s’est développée, en réponse à ce constat : « La philosophie, telle qu’elle est enseignée et produite dans nos pays, n’a quasi rien de consistant à apprendre aux hommes d’action, et aux populations en proie à des problèmes existentiels cruciaux d’ordres économique et socio-politique, et en proie à la mort précoce sans cesse présente et menaçante, par le fait du sous-développement politique, économique et culturel»[3]. Pour dire simple, la philosophie inflexionnelle veut être le contraire de ce qui est dit dans ce propos que nous venons de mentionner. Pour revenir à notre question centrale : qu’est-ce que la philosophie inflexionnelle ?, nous allons laisser parler l’auteur, au lieu de nous étendre dans le discours, afin de donner une définition suffisamment renseignée de la de la philosophie inflexionnelle ou simplement inflexion chez Ngoma-Binda. Nous allons proposer quelques morceaux choisis qui ressortent les différentes définitions issues de ses différents ouvrages (un certain nombre) afin de fournir un maximum d’informations fiables à notre lecteur.

« Je soutiens, en d’autres mots, qu’une philosophie dotée d’un pouvoir conséquent sur le réel social, économique et culturel, c’est-à-dire une philosophie inflexionnelle, est celle qui se donne la mission d’être une philosophie du pouvoir politique »[4]

« Par philosophie inflexionelle, j’entends désigner toute philosophie qui s’organise de manière à pouvoir infléchir le gouvernement de la vie sociale et politique vers de meilleures options et modalités d’effectuation, de sorte qu’il produise les effets sociaux les meilleurs possibles pour chacun des membres de la communauté concernée »[5].

« Il s’agit concrètement de rechercher les conditions de possibilité (essentiellement internes) d’une philosophie à même d’infléchir l’agir politique, en somme, une philosophie civique, voire patriotique. »[6]

« Mais c’est sur le plan de la pensée politique que l’inflexionnalité prend son relief réel et spécifique en tant qu’elle concerne la gouvernance de la cité soucieuse d’harmonie, de paix, d’unité et de progrès »[7].

« C’est une telle philosophie, inévitablement désirable par toute conscience humaine saine, que j’appelle inflexionnelle : une philosophie possédant un réel pouvoir d’inflexion des décisions de la société globale »[8]

                La philosophie inflexionnelle telle qu’elle se laisse voir à travers cette présentation vise donc avant tout la transformation de l’individu et de la société à travers des principes de gouvernance méticuleusement élaborés, répondant nécessairement aux aspirations de l’homme à vivre heureux dans une société juste et pacifique. Mais ces principes ne peuvent pas être rendus possibles si l’homme politique n’est pas doté de certaines aptitudes. C’est pour répondre à cette exigence que Ngoma-Binda a élaboré une esquisse de profil du leader politique dans une visée éthique.

I.2. Ethique du pouvoir et vertus du leader politique.

En se prononçant sur ce qu’il appelle l’ethnique du pouvoir, Ngoma-Binda donne les vertus que doit avoir l’homme qui aspire à gouverner la cité. La liste de vertus considérées est suffisamment longue et nous ne retiendrons ici que les éléments les plus essentiels.

Du point de vue intellectuel, l’homme politique doit posséder des qualifications d’élite, c’est-à-dire avoir fait des études universitaires élevées et consistantes[9] ainsi qu’une grande culture politique. Cet homme doit avoir la capacité de planifier, de concevoir des idées innovatrices. Il doit être entrepreneur et doté d’une grande et inépuisable capacité d’imagination, « un meneur d’hommes, un créateur de vraies possibilités de société heureuse et prospère »[10]

Du point de vue moral, il doit être honnête au sens où « un acteur politique honnête  n’accepte ni tricherie, ni corruption, ni démagogie, ni tromperie, ni détournements ni injustices »[11]. A lire Ngoma-Binda, on se rend compte que ces vertus ne reflètent en rien la situation réelle dans laquelle maints pays africains se trouvent, avec des leaders tricheurs, corrompus, injustes, boulimiques et qui ne font preuve d’aucune réelle vision pour la nation. Aussi, le leader doit avoir un sens élargi de générosité qui exigera de lui qu’il pense à la nation entière plutôt que de ne songer qu’à son enrichissement personnel, « à celui de son village, de sa famille, ou de son ethnie biologique ou politique »[12]

Du point de vue politique, il doit avoir une grande vision pour la nation, et surtout l’idéal de la cohésion. Ce doit être un homme capable de rassembler, d’unifier les communautés[13]. L’argument du favoritisme familial et ethnique déjà signalé dans le point de vue moral est repris dans le point de vue politique et rend le dirigeant qui en est coupable ennemi du peuple [14]; pour dire plus simplement, un dirigeant qui favorise sa famille, ses proches, son ethnie, est à proprement parler un ségrégationniste. Il n’est guère fait pour gouverner.

Au bout du compte, l’homme politique tel que Ngoma-Binda le conçoit n’est pas un saint social et politique, pour reprendre ses mots[15], mais il doit continuellement viser cette sainteté dont l’accomplissement passe par un florilège de vertus dont nous n’avons ici consigné qu’une infime partie, faute de place. Le profil ainsi décliné coïncide avec le genre de leadership qui doit être mis en œuvre dans une société par un leader qui aspire à la grandeur ; comme on peut le constater, il n’y a pas de place pour la médiocrité dans la manière dont Ngoma-binda conçoit l’homme politique ; ce qui est visé,  c’est l’excellence[16]

 Dans un article récent, paru dans la revue Raison Ardente, j’ai déjà eu à insister, non seulement sur le versant éthique de la gouvernance chez Ngoma-binda, mais aussi sur l’excellence qui doit caractériser le leader ainsi que le genre d’éducation par lequel il doit être pétri pour produire les fruits escomptés. Je disais précisément ceci : « C’est finalement la raison pour laquelle ce fameux leadership de l’excellence prend en compte la question de l’éducation, dans laquelle, notamment, il s’agit d’éduquer le futur leader à la vertu, à la sagesse, à l’éthique ; à la promotion de l’excellence. Ngoma-Binda a ceci de particulier que son approche du leadership ne veut guère se soustraire de la logique des actions concrètes à entrevoir ».[17] Ces considérations se prolongent dans le rapport que Ngoma-Binda établit entre éthique et politique. C’est l’objet du prochain point.

I.3. Ethique et politique

La question éthique dans la pensée de Ngoma-Binda se décline principalement dans la perspective d’un mariage avec la politique[18]. Pour ce penseur, le mariage entre éthique et politique garantit une bonne gouvernance et crée partant les conditions d’émergence d’une société « prospère, puissante et agréable à vivre pour chacun des compatriotes ».[19] En fait, il est inconcevable chez Ngoma-Binda que la chose politique soit dissociée de la morale et de l’éthique. Dans la pensée éthique qu’il s’est employé à développer (en tout cas telle qu’elle m’apparait), il n’existe pas une sorte de cloison étanche, ni une ligne de démarcation définitive entre éthique et politique, et c’est d’ailleurs ce qui justifie chez lui le mot « mariage » entre éthique et politique. En prenant position contre le machiavélisme tel qu’il le dit lui-même, il indique ceci : « la morale est source de bonne gouvernance politique. Quiconque affirme l’inutilité de la morale en politique est soit éminemment idiot, soit effroyablement anarchiste. »[20]

Dans la poursuite de son périple noétique, Ngoma-Binda précise que l’exigence de conformité à la morale n’est guère seulement l’apanage de ceux qui gouvernent, mais aussi de tous les autres acteurs sociaux de la classe des gouvernés. Le but visé pour cela est la conjugaison volontaire des énergies nécessaires à la réalisation de la destinée commune.[21] Toutefois l’auteur reconnait (même s’il ne décline pas son idée en ces termes) que les vices d’un homme politique sont plus préjudiciables que ceux d’un citoyen ordinaire, justement parce qu’il gère l’argent et les ressources du contribuable ; et c’est sous ce sillage qu’il propose plus ou moins les vices contre lesquels il doit lutter pour être conformes aux principes éthiques : 

La plus grande guerre qu’un homme politique doit mener est celle contre lui-même comme être des vices et d’égoïsme, d’insincérité et de malhonnêteté. Sa plus grande victoire sur lui-même est d’arriver à se libérer de la soif exagérée du pouvoir pour soi-même. Se libérer, c’est surmonter le mal d’égoïsme, le souci excessif pour son bien personnel ; se libérer c’est penser et travailler à l’avènement de la vie la plus heureuse possible pour tous dans la communauté. […] Un homme d’Etat, un grand homme politique, est celui qui considère la politique comme une activité très sérieuse à réaliser au bénéfice de tous, et non comme un simple jeu rivé sur la jouissance personnelle sans freins ni gêne d’égoïstes plaisirs sans cesse renouvelés et à jamais inassouvis[22].

Au terme de cette première partie, il s’est agi essentiellement pour nous de définir la philosophie inflexionnelle et de montrer la place prépondérante de l’éthique dans la manière dont Noma-Binda conçoit la gouvernance. L’idée au fond c’est que la philosophie inflexionnelle veut se bâtir sur les décombres d’une philosophie éminemment inactive et inopérante dans la cité. Pour plus d’efficacité dans la transformation sociale, nous avons montré le profil idéal du leader qui doit gouverner la cité ; un homme d’excellence. Dans la partie qui suit, nous allons montrer comment l’éthique se prolonge dans la pensée de Ngoma-Binda, et comment elle s’imbrique dans les problèmes concrets des habitants de la cité, dans une perspective de transformation et de progrès.

II. Ethique dans une perspective d’éducation

                La question éthique chez Ngoma-Binda n’est pas seulement l’apanage de quelques-uns, mais de toute la société, dans toutes ses couches. Pour que cette dernière ait une plus grande portée et un plus grand pouvoir inflexionnel, elle est ouverte à l’éducation et présente entre autres des vices à éviter et des valeurs à cultiver. Cette partie sera donc une sorte d’éthique éducationnelle.

II.1. Eléments d’éthique et de civisme

Ngoma-Binda estime que les jeunes en formation, en particulier les universitaires doivent suffisamment être formés sur des questions éthiques et civiques, en tant qu’ils représentent le groupe qui sera bientôt mis sur le marché de l’emploi ; Par conséquent, s’ils ne disposent pas d’une formation éthique et civique solide, leur participation politique sera largement compromise, et autant la société la société en payera le prix, autant ils en payeront le prix. Cette éducation civique et éthique dont Ngoma-Binda se fait l’apologue ne doit pas être réservée à une catégorie spécifique d’étudiants, mais aux étudiants de tous les domaines confondus parce qu’ils sont avant tout citoyens. De manière globale, cette éducation vise à donner des recommandations, à apprendre à l’individu le type de comportement qu’il doit adopter vis-à-vis de l’Etat qui le gouverne[23] , mais aussi à lui inculquer des valeurs pour le maintien de la vie et de la cohésion sociale. Tout cela prend en compte les droits et les devoirs des citoyens.

Sur le plan civique, on devra former les citoyens au nationalisme, au patriotisme, leur inculquer le sens du devoir, de la responsabilité et du bien commun qui sont selon Ngoma-Binda des expressions de l’amour de la patrie à manifester à tout instant[24]. En outre, ils doivent être formés sur les textes définissant et garantissant les droits de l’homme (droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels)[25]

Sur le plan éthique, Ngoma-Binda épingle trois points fondamentaux selon lui qui doivent être pris en compte dans l’éducation universitaire à savoir : l’écologie, l’économie et la bioéthique. Pour ce qui concerne l’éthique écologique, il est question d’éduquer les étudiants à la conscience écologique, en leur donnant de voir les périls et les risques engendrés par l’action technologique de l’homme sur l’environnement. Il sera aussi question de les éduquer à avoir des «  attitudes et pratiques susceptibles de faire face à la désertification de l’Afrique par la destruction des forets, à la pollution des eaux et des airs par les déchets et fumées d’usines toxiques »[26]. Les deux autres points feront l’objet de recherches ultérieures. Voyons maintenant la place que Ngoma-Binda accorde à l’éthique dans la lutte contre les antivaleurs en milieu scolaire.

II.2. Ethique contre les antivaleurs scolaires

Les antivaleurs perceptibles en milieu scolaire font l’objet d’une investigation philosophique de Ngoma-Binda. L’investigation concerne certes le milieu congolais de l’éducation mais les problèmes qui y sont soulevés vont certainement bien au-delà du simple territoire congolais.  Ngoma-Binda épingle les acteurs de ces antivaleurs, identifie les antivaleurs en question et propose des pistes pour les juguler. La responsabilité du pourrissement de l’école selon lui incombe à six sources principales à savoir : les enseignants, les gestionnaires, les élèves, les parents, l’Etat et la société ambiante.[27]

En ce qui concerne les enseignants, ils sont les premiers accusés dans les pratiques immorales dans les milieux scolaires. Nous allons citer leurs vices répertoriés par Ngoma-Binda de manière simplement énumérative sans trop de commentaires : le port par les enseignantes d’une tenue non conforme de manière à éveiller la sensibilité des jeunes adolescents ou même des collègues de sexe opposé. (Le problème de Ngoma-Binda ici c’est l’atteinte à la pudeur). L’utilisation des diplômes des autres (ce qui altère forcément la qualité des enseignements), la vente des questions d’examens et des points, la mauvaise conduite des enseignants envers les filles de la classe, le non-respect des normes pédagogiques et les retards parfois injustifiés, la camaraderie entre élèves et enseignants ( ils sortent ensemble, vont boire ensemble)[28].  Concernant les gestionnaires, directeurs et préfets, il leur est reproché entre autres de préférer souvent engager des enseignants non qualifiés, à moindre coût, de faire usage de fausses factures ou de surfacturer leurs services, de fixer de manière exagérée les frais de scolarité, le payement dérisoire des enseignants engagés[29]. Pour les élèves, l’habillement provocateur est décrié de la part des filles, la falsification des bulletins, l’impolitesse et l’insolence à l’endroit des enseignants et d’autres condisciples. L’entretien des relations coupables avec les enseignants, le mépris des autres enseignants qui insistent sur le sérieux, la rigueur et le travail[30]. Les parents : Ils sont souvent les commanditaires du monnayage des points dans les établissements, ils essaient souvent d’acheter la conscience des enseignants, les incitant ainsi à la corruption ; ils en arrivent  à dénigrer et à invectiver les enseignants pauvres.[31] L’Etat : Chez Ngoma-Binda, « Pour deux raisons majeures, il faut considérer que   l’Etat est la plus grande source des pratiques immorales et corruptrices dans les milieux scolaires ». La première raison est liée aux salaires minables et aux conditions de travail misérables[32]dans lesquelles les enseignants exercent « et qui ne permettent pas à ces derniers de demeurer dignes, intègres »[33]. J’ai également eu à aborder cette question dans un de mes articles sur l’éducation en RDC en partant des analyses de Kä Mana, et en accord avec le constat que Ngoma-Binda fait valoir, je disais précisément ceci :

 Bien plus, il (Kä Mana) laisse entendre que l’éducation en RDC n’est pas prise au sérieux, et ce manque de sérieux se traduit par la médiocre qualité de l’éducation, par le faible budget alloué à la cause de l’éducation et par le mauvais traitement infligé aux enseignants en matière de salaire […] si ce budget était considérable, les enseignants bénéficieraient d’un traitement plus humain, leurs salaires seraient conséquents et la qualité de l’éducation ne se trouverait pas amoindrie[34]

La deuxième raison pour laquelle l’Etat est responsable des immoralités est selon Ngoma-Binda « le manque de sanction sérieuse, positive et négative à l’endroit des enseignants et des chefs d’établissements ». Enfin, la part de responsabilité qui revient à la société ambiante insiste sur le fait qu’enseignants et élèves sont confrontés aux mœurs de la cité : ce que l’on voit dans les médias, les chansons pas toujours très bien conçues ont leur cortège de répercussions sur l’éducation. Tous ces vices réunis affectent de manière considérable la qualité de l’éducation, entrainent la dégradation des performances intellectuelles.[35]

Ngoma-Binda propose pour pallier ces vices de renforcer la réglementation contre les pratiques corrompues dans les milieux scolaires ; il propose aussi l’intensification de l’éducation morale et civique. Il propose également la mise en application du code de conduite de l’agent public de l’Etat mis sur pied en 2012 qui dispose les agents en question doivent se distinguer « par le dévouement, la ponctualité, la rigueur, la responsabilité, l’honnêteté, l’intégrité, la dignité, l’impartialité, la loyauté, le civisme, la courtoisie et le devoir de réserve aussi bien avec ses supérieurs, ses collègues et ses collaborateurs qu’avec le public »[36]

Au terme de cette deuxième partie, il a été essentiellement question pour nous de voir comment la question éthique se déploie dans la perspective éducationnelle chez Ngoma-Binda, et ce,  toujours en lien avec cet arrière-fond inflexionnel, nous l’avons déjà dit, qui cherche toujours à répondre de manière particulière, par un type particulier de discours à un problème particulier qui se pose dans la société, au nom du principe de sélection. Dans la partie qui suit, nous allons explorer deux secteurs supplémentaires d’éthique qui soulèvent d’autres types de problèmes auxquels Ngoma-Binda a estimé nécessaire d’accorder sa plume : l’éthique rémunérative (nous avons vu dans la section précédente que les enseignants congolais sont mal payés) et l’éthique informatique.

III. Pour une plus grande cohésion et justice sociale.

                Ce dernier versant éthique que nous voulons présenter est centré sur la justice et la cohésion sociale. La justice sociale au sens de Ngoma-Binda a aussi quelque chose à voir avec la manière dont la société est configurée en matière de salaires. A cela il faut ajouter les nouveaux éléments des technologies de l’information qui ont surgi ces dernières années et qui engendrent de nouveaux défis et de nouveaux problèmes à l’homme et à la société.

III.1.Eléments d’Ethique rémunérative

L’intérêt manifesté par Ngoma-Binda pour la question de la justice sociale trouve aussi et majoritairement son accomplissement dans et à travers l’éthique. Il part en effet du principe (et en saluant les investigations de ses devanciers) que c’est par le truchement du travail que la société et l’homme progressent ; l’homme travaille, gagne sa vie, investit et progresse en faisant concomitamment progresser la société. Mais malheureusement, tout ne va pas toujours comme il se doit, des milliers de personnes travaillent de manière acharnée dans des conditions dérisoires pour ne gagner au bout du compte qu’une pitance, tandis que de l’autre côté, d’autres personnes ne travaillant pas du tout perçoivent des salaires colossaux. Ngoma-Binda à travers son éthique rémunérative se pose comme le défenseur d’une politique rémunérative qui respecte les principes de justice. Cette question telle que nous là percevons est constante dans sa pensée, preuve qu’il y attache un grand intérêt surtout dans sa perspective inflexionnelle : les différents textes sur lesquels nous nous appuyons pour substanter notre propos ici datent de 2004, 2012 et 2022. Une rémunération juste est chez Ngoma-Binda la condition d’une vie éthique ; s’i le travailleur ne gagne pas un juste salaire l’ordre social s’expose à une crise éthique ainsi qu’il le laisse entendre :

  En effet, l’irrationalité d’une politique salariale injuste ; inhumaine et même génocidaire, à l’exemple de celle pratiquée au Congo, ne met guère l’individu en position de répondre convenablement aux exigences du comportement éthique souhaité par la société. En dessous d’un minimum de conditions matérielles de vie, d’une rémunération inférieure au minimum vital, il est en toute objectivité difficile voire impossible à la personne humaine de se comporter correctement et d’agir de façon morale[37].

En poursuivant son analyse, Ngoma-Binda s’insurge contre le fait que certaines personnes malveillantes, ceux qu’il appelle les faux fonctionnaires, encaissent mensuellement de l’argent sans avoir fourni aucun effort et sans avoir rendu aucun service[38]. Et des mécanismes similaires  sont perceptibles dans plusieurs secteurs de l’emploi. Celui qui travaille, insiste Ngoma-Binda, a droit à un salaire, mais celui qui ne travaille pas n’a strictement droit à rien. Afin de montrer le rôle qu’une juste rémunération joue dans le progrès de la société, Ngoma-Binda répertorie quatre avantages qui y sont liés[39].

Premièrement : un juste salaire maintient l’harmonie sociale et la paix dans la mesure où il crée des conditions de paix, préserve la société des occasions de trouble, de révolte, de grève. Deuxièmement il permet d’épargner et d’avoir une vie décente en société. Troisièmement, il est une force de motivation et accroit la productivité et l’efficacité. Quatrièmement, il donne sens à la vie, et la rend plus humaine au sens de Vialatoux comme Ngoma-Binda s’emploie à le dire[40].

III.2. Eléments d’éthique informatique

Qu’il ne soit point surprenant de rencontrer la question d’une éthique informatique dans la pensée de Ngoma-Binda ; nous sommes dans le prolongement de la pensée inflexionnelle dont nous avons dit qu’elle visait avant tout une efficacité pratique ; partout où il y a des problèmes et des défis à relever,  la pensée inflexionnelle est présente pour poser les jalons et baliser le chemin pour guider l’agir humain et social. La légitimité du discours philosophique sur l’informatique tient donc par le principe de sélection, qui dispose que : « une philosophie à prétention inflexionnelle ne s’articule que sur des objets pour ainsi dire ‘‘prédisposés’’, c’est-à-dire du fait même de leur nature, des objets susceptibles d’aider à trouver des réponses efficaces aux questions à résoudre »[41]

La mise au point d’une éthique informatique par Ngoma-Binda part du constat que l’informatique est un outil dont l’importance ne fait plus l’ombre d’aucun doute mais qui cependant est à l’origine de quantité de problèmes sociaux et éthiques dont il est nécessaire  pour les résoudre de mettre justement sur pied un code éthique devant guider aussi bien le concepteur que l’usager de l’informatique[42]. Quels sont donc ces problèmes nouveaux et les propositions y relatives ?

Quatre cas particuliers sont abordés par Ngoma-Binda, mais nous en retiendrons deux ici. En premier lieu, il y a le problème du piratage informatique qui favorise le vol des informations et des données précieuses des individus pour des fins qui peuvent leur être préjudiciables[43].  Ensuite, il y a la question du dévoilement de la vie privée. Avec la montée de l’informatique et surtout des réseaux sociaux, la vie privée de tous les usagers de l’informatique semble plus que menacée. On assiste de plus en plus à l’exposition des contenus strictement privés sur la sphère publique par des mécanismes informatiques dont on ne maitrise pas toujours les contours. Le désir d’espionner les autres se fait croissant au sens de cette assertion : « Je suis convaincu que celui qui rendra disponible un téléphone qui, à la fois, entend tout et voit tout, aura indubitablement et instantanément un immense succès ».[44] En annexe à tout cela, Ngoma-Binda fait ce récapitulatif avant de proposer quelques pistes de concrétisation de l’éthique informatique :  

Pour autant que la technologie informatique comporte de terribles dangers d’usage catastrophique et funeste – et pas seulement la pornographie, la pédophilie, l’escroquerie, le montage mensonger et manipulatoire d’images et de scènes impudiques, etc.- il devient impératif de fixer, en amont, de manière préventive, des limites et des guides, juridiques et éthiques, relatifs à l’usage comme à la production des machines informatiques[45] .

A côté de cela (c’est un avis personnel), il faut ajouter la mauvaise utilisation d’internet par beaucoup de jeunes africains. Au lieu de constituer une source de croissance intellectuelle et de progrès, internet est pour des milliers de jeunes africains une source de distraction et de déambulation ; une véritable fabrique de la distraction. En guise de solution, Ngoma-Binda reprend les conclusions du Computer Ethics Institute de Washington, qui enjoignent de ne point nuire aux autres par le truchement de moyens informatiques, de ne point voler les données privées d’autrui, de ne point espionner ou fouiner dans les ordinateurs des autres, ni porter de faux témoignage, de ne point utiliser les ressources informatiques d’autrui sans autorisation.[46] Pour terminer, Ngoma-Binda estime que «  c’est le rôle du philosophe de donner de la sagesse ou, du moins d’indiquer le chemin de la conscience à la science informatique ».[47]

En guise de conclusion

Au terme de cette analyse dans laquelle il était question pour nous de montrer que l’éthique est au service du progrès de l’homme et de la société, nous avons à travers une analyse méticuleuse des écrits de Ngoma-Binda, montré que la philosophie inflexionnelle par  l’exigence éthique milite pour une société bien gouvernée et à même d’assurer la sécurité, la croissance et le bien-être des citoyens. Dans la première partie, nous avons défini la philosophie inflexionnelle et insisté sur la place de l’éthique dans la gouvernance. Dans la deuxième partie, nous avons montré le prolongement de l’inflexionnisme dans l’éducation, et dans la troisième partie, nous avons insisté sur l’éthique rémunérative ainsi que l’éthique informatique, montrant par là le regain d’intérêt que l’inflexionnisme accorde aux problèmes pratiques, urgents et pressants de la société. En regardant la place que la philosophie inflexionnelle accorde aux valeurs humaines et sociales, à la libération de l’homme de toutes les tares politiques et même en dehors, il apparait clairement que l’inflexionnisme est un humanisme et ce sera sans doute l’intitulé de notre prochaine réflexion : la philosophie inflexionnelle comme humanisme. Les fondements d’une telle réflexion sont présents dans la pensée de Ngoma-Binda.  

Bibliographie :

Ouvrages de Ngoma-Binda

  • Ngoma-Binda (Elie), Philosophie et pouvoir politique en Afrique, Paris, L’Harmattan,  2004.
  • Ngoma-Binda (Elie), La théorie de la pratique philosophique, Paris, l’Harmattant, 2011.
  • Ngoma-Binda (Elie), La participation politique, Ethique civique et politique pour une culture de paix, démocratie et de bonne gouvernance, Kinshasa, Ifep, 2005.
  • Ngoma-Binda (Elie), Pouvoir et moralité dans les affaires publiques, Publications du Ministère provincial en charge de la Nouvelle citoyenneté, Matadi, Bas-Congo, 2014.
  • Ngoma-Binda (Elie), Philosophie du droit politique pour l’Etat le meilleur, Kinshasa, Presses de l’université catholique du Congo, 2022.

Articles

  • Alban (Guimkeng), « Leadership et capabilités à l’heure de l’Afrique », in Raison Ardente, N°114, Octobre 2022-Mars 2023.
  • Alban (Guimkeng), « L’enjeu éducationnel au fondement de la nouvelle Afrique », In Raison Ardente, N°113, Octobre 2021-Mars 2022.
  • Ngoma-Binda (Elie), « Ethique et politique », in Congo-Afrique, N°548, Octobre 2020.
  • Ngoma-Binda (Elie), « L’éthique informatique, une éthique introductive », In Congo-Afrique, N°500, Octobre 2015.
  • Ngoma-Binda (Elie), « Responsabilité civique et éthique. De la bonne gouvernance au progrès de la nation», In Congo-Afrique, N°23, Mars 2008.
  • Ngoma-Binda ( Elie), «Lutte contre les antivaleurs en milieu scolaire : L’exigence des ressources et de la culture éthique », In Congo-Afrique N°461, Janvier 2012.

[1]  Le style inflexionnel se repère selon Ngoma-Binda dans les pensées de Platon et d’Aristote à travers la création par eux des écoles de formation intellectuelle et politique des gouvernants de la cité (l’académie et le lycée). Mais  les plus illustres de ses devanciers sur cette voie inflexionnelle sont plutôt identifiés comme étant Kant pour le premier avec ses principes et règles pour la paix entre les nations, et Rawls le deuxième avec ses « principes de justice que le gouvernement de la cité exige pour la paix et le bonheur de tous les citoyens » (Voir Théorie de la pratique philosophique,  PP. 46-47).

[2] Ngoma-Binda (Elie), Philosophie et pouvoir politique en Afrique, Paris, L’Harmattan,  2004, p.18.

[3] Ibid.  P. 145.

[4] Ngoma-Binda (Elie), Philosophie et pouvoir politique en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2004, P. 21.

[5] Ibid. P. 169.

[6] Ngoma-Binda (Elie), La théorie de la pratique philosophique, Paris, l’Harmattant, 2011. P. 44.

[7] Ibid. PP. 46-47.

[8] Ibid. P. 59.

[9] Ngoma-Binda (Elie), La participation politique, Ethique civique et politique pour une culture de paix, démocratie et de bonne gouvernance, Kinshasa, Ifep, 2005, P 340.

[10] Ibid. P. 341.

[11] Ibid. P342.

[12] Ngoma-Binda (Elie), La participation politique, Op.cit. P. 342.

[13] Ibid. P. 346. Voir aussi Page 351.

[14] Ibid. P. 46.

[15] Ibid. P. 345.   Voir aussi la page 351 de ce même ouvrage pour plus de vertus.

[16] Ibid. P. 346.

[17] Alban (Guimkeng), « Leadership et capabilités à l’heure de l’Afrique », in Raison Ardente, N°114, Octobre 2022-Mars 2023, P. 29.

[18] Ngoma-Binda (Elie), « Ethique et politique » in Congo-Afrique, N°548, Octobre 2020, P. 964.

[19] Ibid. P. 964.

[20] Ngoma-Binda (Elie), « Ethique et politique » Op.cit. P 965. La même idée est à l’œuvre dans cet autre ouvrage : Ngoma-Binda (Elie), « leadership et pouvoir politique en Afrique » in « la promotion d’un leadership de qualité en Afrique à l’aune du modèle jésuite », Kimwenza, Ed. Loyola, P 123. On la retrouve également dans : Ngoma-Binda (Elie), Pouvoir et moralité dans les affaires publiques, Publications du Ministère provincial en charge de la Nouvelle citoyenneté, Matadi, Bas-Congo, 2014, P 26.Toutes ces références ont en commun la critique de Ngoma-Binda contre le machiavélisme qui faisait l’apologie d’une politique sans morale, ce contre quoi Ngoma-Binda s’insurge substantiellement dans sa perspective éthique et inflexionniste.

[21] Ngoma-Binda (Elie), « Ethique et politique », Op.cit P. 968.

[22] Ibid. P. 968.

[23] Ngoma-Binda (Elie), « Responsabilité civique et éthique. De la bonne gouvernance au progrès de la nation», In Congo-Afrique, N°23, Mars 2008, P. 234.

[24] Ibidem.

[25] Ibid. P. 235.

[26] Ibid. P. 237.

[27] Ngoma-Binda (Elie), «Lutte contre les antivaleurs en milieu scolaire : L’exigence des ressources et de la culture éthique », In Congo-Afrique N°461, Janvier 2012, P. 54.

[28] Ibid. P. 56.

[29] Ibid. P. 57.

[30] Ngoma-Binda (Elie), «Lutte contre les antivaleurs en milieu scolaire », Op.cit P. 58.

[31] Ibid. P. 59.

[32] Ibidem.

[33] Ibidem.

[34] Alban (Guimkeng), « L’enjeu éducationnel au fondement de la nouvelle Afrique », In Raison Ardente, N°113, Octobre 2021-Mars 2022, PP. 59-60.

[35] Ngoma-Binda (Elie), «Lutte contre les antivaleurs en milieu scolaire » Op.cit P. 61.

[36] Ibid. P. 64.

[37] Ngoma-Binda (Elie), Philosophie et pouvoir politique en Afrique, Op.cit P. 54.

[38] Ngoma-Binda (Elie), Philosophie du droit politique pour l’Etat le meilleur, Kinshasa, Presses de l’université catholique du Congo, 2022, P. 305.

[39]  Ibid. P. 307. Les mêmes avantages figuraient déjà dans un article publié dix ans plus tôt : Ngoma-Binda (Elie), « De la justice rémunérative. Eléments d’une éthique des salaires », In Congo-Afrique, N°465, Mai 2012. PP. 350-351.

[40] Ibid. P 308.

[41] Ngoma-Binda (Elie), Philosophie et pouvoir politique en Afrique, Op.cit. P.179. Voir aussi Théorie de la pratique philosophique, Op.cit, qui précise aussi que le discours philosophique s’élabore en fonction « de l’importance et de l’acuité du problème à résoudre » PP 58-59.

[42] Ngoma-Binda (Elie), « L’éthique informatique, une éthique introductive », In Congo-Afrique, N°500, Octobre 2015, P. 803.

[43] Ibid. P 858.

[44] Ibid. P859.

[45] Ngoma-Binda (Elie), « L’éthique informatique, une éthique introductive », In Congo-Afrique, N°500, Octobre 2015, P. 861.

[46] Ngoma-Binda (Elie), « L’éthique informatique, une éthique introductive », Op.cit P. 862.

[47] Ibid. P. 863.

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